Visites

mercredi 7 juillet 2010

Des sentiments étranges qui m’ont animée ce matin...


Nous sommes un mardi matin, Z. est à la halte garderie ce qui me laisse du temps non pas pour m’occuper de moi mais pour emmener E. chez le médecin. Je dois lui faire faire un rappel de vaccin.

La visite se passe comme à l’accoutumée avec le même médecin. C’est un bon médecin, qui prend le temps de dialoguer avec ses patients avant de vous examiner tout de go. J’ai rencontré très peu de médecins de la sorte. Le temps de dialoguer avant d’ausculter, de prescrire et d’encaisser. J’apprécie ces médecins là. Ce doit être le deuxième que je connaisse.

La visite se passe donc comme à l’accoutumée jusqu’à ce que le médecin m’annonce qu’il quitte le cabinet. Et là, tout d’un coup, j’ai été submergée de divers sentiments inattendus. La déception, je vais devoir me rabattre sur un remplaçant, moins bon, ou alors prendre le temps d’en chercher un nouveau ce qui me casse les pieds. Une certaine tristesse, étonnamment, je m’y suis attachée à ce médecin pourtant ce n’est qu’une relation de patient à praticien, je ne comprends pas cette tristesse… Serai-je devenue comme ces personnes âgées pour qui la visite chez le médecin est une occasion de rencontre. Je renvoie rapidement cette pensée car je n’y suis jamais allée avec cet objectif, même s’il faut bien avouer que dans l’isolement que peut être par instant la vie d’une maman, une visite chez le médecin est un sujet qui s’organise et prend du temps.

La visite aurait pu se clore ainsi me laissant cogiter avec ces deux sentiments. Mais le médecin renchérit : « J’ai décidé de reprendre mes études, je vais faire un master en politique de la santé »

« Et cela permet de faire quoi ? »

« Travailler dans les ONG, les missions humanitaires, j’aime beaucoup voyager ».

Les vannes sont ouvertes, un flot de sentiments m’envahit, les rêves du passé ressurgissent à bâbord, les regrets à tribord, je chancelle et vacille intérieurement.

Que n’ai-je rêvé de travailler dans l’humanitaire au sortir de l’école d’ingénieurs.

Moi aussi, j’aime tant voyager !

Moi aussi, j’aime les études !

Je sens l’envie, le désir, la jalousie la comparaison se mêler en moi… il faut que je me ressaisisse !

Je prie.

Seigneur, je sais que ma destinée, mon identité est en Toi et uniquement en Toi. Qu’importe ces désirs si ce n’est pas ta volonté car tu sais, Toi, ce qui est le mieux pour moi.

Peut-être que cette femme regrette de ne pas avoir de famille. Aujourd’hui, j’ai une famille, un mari, des enfants. Je dois en prendre soin, m’en occuper, être là pour eux. Il y a un temps pour tout.

Nous ne sommes jamais contents de notre situation. Ceux qui doivent rester chez eux aimeraient voyager et ceux qui n’ont pas de chez soi aimeraient se poser.

A ce stade, je pourrai pleurer, mais je me raccroche à Dieu. Je reçois un coup de fil de M. qui tombe à pic. Je sais que nous allons nous voir. J’aime discuter avec elle car elle me change les idées. Elle est, je crois, très différente de moi mais nous avons des valeurs en commun qui nous rapprochent.

Nous avons discuté et mangé au restaurant, fait exceptionnel compte tenu de la logistique à adopter dans un lieu public avec les enfants. Finalement, cela s’est bien passé et cela m’a fait plaisir de manger au restaurant. Cela faisait bien longtemps. Cela me manque comme cela me pesait d’aller tous les midis au restaurant alors que je travaillais.

On n’est jamais content de ce que l’on a, n’est-ce pas ?

Paris, le 06/07/2010

4 commentaires:

  1. la vie ouiii propose un panel de possibilités qui s'ouvrent à nous puis certains choix nous amenent sur des chemins encore nouveaux , différents.... mais tellement palpitants...
    j'aime comme tu ecris...c'est plein d'émotions spontanées...décrites palpables..et on s'y reconnait..ohh oui combien je m'y reconnais....!!!

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  2. J'aime te lire, j'ai l'impression de t'entendre.
    J'aime ton style d'écriture, j'ai l'impression de te voir.
    J'aime tes pensée, j'ai l'impression d'y voir plus clair.

    A très bientôt,

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  3. Sylvie a dit...
    Emouvant,captivant et tellement touchant !
    Tes pensées, tes conversations me semblent très réelles, tes récits sont plein de compassions attendrissantes .
    C' est un article remarquable !

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