Mon lieu de travail est tout près de chez moi, et c’est
un privilège, car le matin, une fois les enfants déposés à l’école, j’ai le
temps, le temps de me déposer devant Dieu.
Ce matin-là, je commence à prier et rapidement le
désir de jouer de la musique m’emporte au piano.
Lorsque je joue au piano, je sais que je communique
avec Dieu car mon intention musicale, mes pensées sont dirigées vers Lui.
La musique cristallise nos émotions, nos sentiments,
nos souvenirs. C’est une madeleine de Proust implacable, intransigeante. Qui n’a jamais associé une musique à une
tranche de sa vie, au point de ne plus être en mesure de l’écouter sans être immédiatement
transporté dans un moment de vie, heureux ou malheureux, qu’on pensait enfoui à
jamais dans le passé ?
Ce matin-là, j’ai joué, j’ai joué des morceaux que
j’avais crées dans des circonstances particulièrement douloureuses et sans
issue.
J’ai joué et, sans nier cette toile de fond si obscure,
j’ai ressenti la joie de ces musiques qui me rattachaient malgré tout à Dieu. Et cette toile, tissée consciencieusement à l’abri
des regards, selon un complexe et vicieux pattern, a été démasquée par ces
gouttes de pluie enfin tombées du ciel et, sous leurs poids grandissant, la
toile s’est déchirée.
J’ai joué, et j’ai été impressionnée, car les
événements d’alors n’avaient pas réussi à adhérer à ma musique. Ma musique
était libre de toutes émotions, sentiments, souvenirs douloureux. Seul restait
le plaisir et la joie de jouer pour être avec Dieu.
C’est une grâce de Dieu, et j’ai instantanément compris
que cette musique, qui vient de Lui, était inaltérable, incorruptible, pure et
que rien ne pourrait la tâcher, la souiller, la dévoyer car c’est Sa musique.
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